« Soliguide » : le numérique au service du social

14 avril 2020

Depuis le mois de janvier 2020 à Strasbourg, les SDF munis d’un smartphone peuvent télécharger l’application Soliguide. Cette nouvelle appli liste tous les services disponibles pour les personnes en grande précarité comme par exemple les maraudes, les douches publiques ou encore les horaires des centres d’accueil.

L’équipe de Soliguide part d’un constat simple : en France, 71% des Sans-abri possèdent un smartphone. Le numérique n’est plus un luxe, c’est devenu une nécessité. Alors pour venir en aide aux gens connectés mais démunis, l’application regroupe tout un tas d’information pratiques, consultables n’importe quand et n’importe où. Depuis le début du confinement, l’application est passée en mode coronavirus et indique les structures d’aide aux Sans-abri encore ouvertes pendant l’épidémie, avec des mises à jours régulières.

La précarité connectée

Selon l’étude sur la «précarité connectée » Solinum a déterminé que 55% des personnes sans domicile parviennent à se connecter quotidiennement à internet. L’application Soliguide recense aujourd’hui plus de 17 000 services et 7 600 lieux destinés aux plus démunis, le tout dans 8 départements. Ces informations peuvent également servir aux travailleurs sociaux, notamment pour aiguiller les demandes d’aides qui leur parviennent. À Strasbourg, l’application compte déjà 250 utilisateurs réguliers.

Un immense réseau d’aide

Pour constituer sa base de donnée et recenser un maximum d’informations utiles, l’application Soliguide a travaillé en partenariat avec des structures. Pour proposer des informations pertinentes, l’équipe de Soliguide rencontre les acteurs sociaux des villes cartographiées sur l’application. «On essaye de co-construire cet outil » explique Aimeric qui travaille au développement de la plateforme : « en février, sur Strasbourg, nous avons rencontré 40 associations qui nous ont expliqués leurs besoins ». Les structures référencées valident elles-mêmes les informations visibles sur l’application. « Nous ne collectons aucunes de ces données » précise le chargé de projet.

Pour s’étendre au niveau national, Soliguide bénéficie de l’aide de bénévoles dans toute la France. « A Lyon, par exemple, un bénévole a pris l’initiative d’ajouter une quarantaine de lieux ouverts pendant le confinement. Ces aides sont très précieuses » raconte Aimeric. Pour s’implanter à Strasbourg, Soliguide a bénéficié d’un financement de la part de la municipalité sur 3 ans et travaille aussi avec les villes de Paris, Bordeaux et la région Aquitaine.

Pour faire face à l’épidémie actuelle, un appel national a été lancé pour actualiser les données présentes sur le site suite à l’annonce du confinement.

Des informations actualisées

Contrairement aux guides en papier, une base de données numériques peut être modifiée rapidement. « On veux faire un outil pratique, rapide et à jour » explique Kurvina, animatrice du réseau Soliguide en charge de la communication, « c’est très important ». Travailler main dans la main avec les acteurs sociaux garanti la justesse des informations. « Nous voulons que l’application soit la plus facile d’utilisation possible » précise t-elle. Et si c’est nécessaire, les équipes de Soliguide n’hésitent pas à former les travailleurs sociaux et les bénévoles des associations partenaires en allant leur présenter l’appli, directement sur le terrain.

En un mois à Strasbourg 1 500 pages ont été consultées sur l’application ; à Paris, où l’appli est disponible depuis plus longtemps, 60 000 pages sont consultées chaque mois sur Soliguide.

Aimeric Prod'homme, chargé de projet.
Kurvina Selly, animatrice du réseau Soliguide en charge de la communication.

Alexandre MAHLER