Les musiques des jeux vidéos

6 avril 2020

Ah ! Enfin pouvoir satisfaire ce besoin impérieux de faire quelque chose d’utile ! Même si s’occuper de deux enfants en bas-âge, préparer et consommer les apéritifs et gagner toutes les cartes du Tetra Master de Final Fantasy IX, en soi, peut être relativement utile, force est de constater qu’à partager, ce n’est pas très engageant, sauf l’apéro. Mais partager quoi ? Ayant la chance de pratiquer la musique classique en grand orchestre et d’être gamer, j’ai eu (et ai d’ailleurs toujours) l’occasion d’être surpris par l’utilisation brute (sans changement ni réadaptation) de musiques de compositeurs classiques dans le jeu vidéo. On va donc parler de découvertes, de surprises et de curiosités.

Dans ma vie de gamer, il m’est arrivé plusieurs fois de tomber sur une scène d’un jeu dans laquelle une musique originale du répertoire classique était utilisée. Spontanément, il y en a deux qui me viennent à l’esprit. Tout d’abord dans les Sims, premier du nom. Quand deux Sims s’embrassent, on peut entendre un court extrait de l’ouverture Roméo et Juliette de Piotr Illch Tchaikovsky AKA le thème d’amour par excellence :

Et dans son contexte (le thème arrive à 9’00 joué par les bois et à 14’09 par les cordes) :

Et également Asura’s Wrath, sorti en 2012, du studio CyberConnect 2 et publié par Capcom (salut Nishan!). Le mot épique est trop faible pour évoquer certaines scènes de ce jeu porté plus sur la narration que le gameplay, dans un style animé-interactif. Pour exemple, le deuxième « boss » est 3 fois plus grand que la Terre… Mais la bataille m’ayant laissé l’empreinte la plus durable est celle contre votre ancien maître…sur la Lune, sur fond de quatrième et dernier mouvement de la Symphonie du Nouveau Monde d’Antonin Dvorák.

Une OST signée Chikayo Fukuoka à l’image du jeu : beaucoup d’inspirations diverses, de styles variés, de mélanges de cultures. Quant à la symphonie, la voici en entier :

Dans le cadre de cet article et après quelques recherches, je suis tombé sur deux curiosités auxquelles je n’étais pas préparé ; de plus il s’agit de deux pièces de deux musiciens moins connus, mais que vous avez entendus au moins une fois. Il s’agit de deux compositeurs russes : Sergei Prokofiev et Dmitri Shostakovich dont les oeuvres se sont retrouvées en fond sonore des derniers boss de Little Big Planet 1 et 2.

« La bataille sur la glace », tiré de la suite Alexandre Nevsky, que Sergei Prokofiev composa pour le film du même titre de Sergei (ben oui, c’est des russes…) Eisenstein de 1938 :

Et sans les effets du jeu :

Pour Dmitri Shostakovitch, il s’agit du final de la « Gadfly suite », également tiré de la bande originale d’un film de 1955 : The Gadfly d’Alexsandr Faintsimmer :

et simplement la musique :

Pour les curieux, je vous ai dit un peu plus haut que vous aviez déjà entendu du Prokofiev et du Shostakovich, en effet le premier est aussi le compositeur de Pierre et le loup (si vous avez des enfants, c’est le moment de leur faire écouter, on a le temps en ce moment)

Et c’est au deuxième que l’on doit la célèbre Valse n°2 :

Parfois utilisées pour l’ambiance, parfois de façon humoristique, parfois avec réadaptation, ces musiques du répertoire classique continuent à montrer toute leur versatilité. Le cinéma s’en était d’abord emparé, puis ce fut au tour du jeu vidéo…à nous d’être attentifs aux choix des concepteurs (certains peuvent paraître anodins, mais trahissent souvent une grande part de leur sensibilité) et de saluer leur capacité à nous transporter et à éveiller notre curiosité.

Julien W