Le secteur événementiel, fauché par le confinement
Actuellement, le secteur de l’événementiel est « à l’arrêt … à 100% ! » Témoignage d’un patron strasbourgeois.
Pour toutes les entreprises du pays, l’approche du déconfinement annoncé mi-mai est enthousiasmante. Mais les professionnels le savent : « Ce n’est que le début de la suite » explique Adrien. Cet entrepreneur strasbourgeois dirige Alsason, une agence composée de trois boites d’événementiel : une spécialisé en son et lumière, l’autre en location de scènes et la dernière en DJing. « On travaille notamment avec le Zénith, ou pour l’animation de la place Kleber à Noël par exemple » explique t-il. Mais pour l’instant : « Les trois sont à l’arrêt, à 100% ». Comme beaucoup d’autres, ce patron est dans l’attente. Quand les activités pourront-elles reprendre ? Dans quelles conditions ? Pour l’instant, son business est à 0. « C’est simple j’ai déjà perdu 600.000€ » résume t-il.
La plupart des évènements pour lesquels il travaille habituellement sont reportés, « Pour nous ça veut dire annulé ». Alors pour compléter les 84% de chômage partiel que l’Etat garanti à sa dizaine d’employés, Adrien a reçu deux aides de 1 500 euros et bénéficie des emprunts aidés. « On va s’endetter pour payer la dette » souligne t-il. Sa conclusion : « Il faut annuler les charges, ce sera impossible autrement ».
Dans ses bureaux, tout s’est arrêté du jour au lendemain. Alors, pour que son équipe reste soudée, les employés s’organisent des visio-conférences pour rester à jour et pouvoir se donner des nouvelles. « Il y a beaucoup de panique, c’est quand même violent cette période. Alors on parle des futures stratégies qu’on veut développer pour l’entreprise. Ça rassure et ça prépare ! ». Pour les employés, le futur est encore plus angoissant. « Même pour août ou septembre, tout est annulé. Les organisateurs de gros événements savent bien que ce sera encore trop tôt » constate le patron.
L’occasion de se réinventer
Et même si Adrien est enthousiaste à l’idée du déconfinement mi-mai, il sait que ce sera le début d’une autre épreuve. Pour l’instant personne ne sait quand et dans quelles conditions les activités pourront reprendre. Des mesure sanitaires seront évidemment à appliquer, mais lesquelles ? « On devra ajouter aux frais les masques, gants, blouses, visières, désinfectant etc … » suppose le patron « Il va falloir revoir ses modèles, se réinventer ».
C’est aussi ce qu’à fait DJ Stan Smith, qui fait bouger les auditeurs de Radio RBS depuis 20 ans ! « Actuellement, tous mes clients sont fermés, je me suis mis à faire de l’habillage sonore pour les radios » explique le DJ. « C’est devenu mon activité principale ». Habituellement, il travaille pour des hôtels, des clubs ou des particuliers qui font des soirées. « Même les mariages sont annulés, je pense jusqu’à septembre. » regrette t-il. En tant qu’auto-entrepreneur, lui aussi a perçu une aide de l’Etat, mais lui non plus ne sait pas quand ses activités pourront reprendre : « Je sais qu’en Allemagne, ce ne sera pas avant octobre ! »
En attendant, « Le monde du DJing bouge à fond ! » constate DJ Stan Smith. Les réseaux sociaux fourmillent de lives et d’exclus que les artistes balancent pendant le confinement ! Il y a par exemple les lives des grands noms comme Bob Sinclar où le label Maddessent sur Twitch. Il y a aussi les « battles » entre les producteurs légendaires comme DJ Premier et Rezza du Wu Tang Clan : « C’est vraiment super, c’est ça l’esprit Hip-Hop ! » constate le DJ strasbourgeois « les gens changent leur rapport à la musique, on la consomme différemment et ça , c’est très cool ! ».
Reste maintenant à savoir quand est-ce que des gros événement tels que des concerts redeviendront envisageables. En attendant de retrouver le studio RBS, les DJs de la radio qui le peuvent continuent d’aiguiser leurs diamants depuis chez eux : DJ Smoof est en feu !
Alexandre MAHLER