Strasbourg : bilan de deux journées de mobilisation sociale

18 septembre 2025

Le mois de septembre rime avec rentrée scolaire mais aussi avec rentrée sociale. La nomination du nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, n’a pas calmé la colère des Français. C’est déjà le cinquième chef du gouvernement en seulement trois ans.

Le film de cette première journée de manifestation

Le 10 septembre, la manifestation « Bloquons tout », née d’appels citoyens et de collectifs, s’est déroulée à Strasbourg. Le premier blocage de la journée a eu lieu sur l’autoroute M35, au niveau du quartier de la Montagne Verte, vers 7 heures du matin. Environ 150 manifestants étaient présents. Conséquences : une dizaine de kilomètres de bouchons et l’usage de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre. Peu après 8 heures, la M35 a été débloquée et sept personnes ont été interpellées.

Évidemment, des perturbations ont été constatées sur les lignes de bus et de tram de la Compagnie des Transports Strasbourgeois.
Dans le secteur aérien, trois vols ont été annulés dans la matinée au départ de l’aéroport de Strasbourg-Entzheim.

La jeunesse monte au créneau

Les lycéens strasbourgeois se sont également mobilisés. Des dizaines d’étudiants ont bloqué les lycées des Pontonniers, Marie-Curie et Fustel de Coulanges dans la matinée. Le député LFI Emmanuel Fernandes était présent sur place. Tous les cours ont été annulés à Fustel de Coulanges.

Le grand rendez-vous était fixé à 14 h, place Kléber. Le cortège s’est ensuite dirigé vers la place de la République. 5 000 manifestants étaient présents selon la Police et 10 000 selon la CGT. La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, était présente dès 14 h.
« Je suis là pour soutenir cette demande de changement de cap politique. Il est clair que la nomination de Sébastien Lecornu hier soir est un mauvais signal, puisqu’il s’agit d’un ministre très proche d’Emmanuel Macron », a expliqué la maire à notre micro.

Le cortège a été surveillé par des drones. Dans les préfectures du Bas-Rhin et de la Moselle, un arrêté avait autorisé l’usage de drones « équipés de caméras de surveillance dans le cadre des manifestations », selon le juge des référés du tribunal administratif de Strasbourg. L’objectif était de « disposer d’une vision globale permettant de déceler rapidement toute dégradation ou mouvement de foule ».

Le parcours s’est terminé devant le commissariat central, en réaction à l’interpellation et à la mise en garde à vue de cinq mineurs devant le lycée Fustel de Coulanges. Dans un autre cortège, dans le quartier de la Petite-France, six personnes ont été interpellées. Deux autres interpellations ont eu lieu en fin de journée place de la Bourse, dont l’une pour jet de pavés.

Bilan

Au total, dix-huit personnes ont été interpellées à Strasbourg le 10 septembre dernier.

Écoutez notre reportage sur cette journée de mobilisation : à notre micro, un cheminot, une enseignante, un étudiant, un syndicaliste CGT ou encore la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian.

Mobilisation du 18 septembre à Strasbourg : une journée de grève marquée par des actions multiples

Pharmaciens, enseignants, étudiants, syndicalistes… Plusieurs milliers de personnes ont participé jeudi 18 septembre à Strasbourg à la grève intersyndicale contre les mesures d’économies budgétaires. La journée a été rythmée par des mobilisations sectorielles le matin, puis par un grand cortège l’après-midi, suivi de tensions en fin de parcours. Selon les syndicats, la manifestation a réuni entre 15 000 et 20 000 participants, contre 5 000 selon la préfecture. Sept personnes ont été interpellées. Retour sur les faits.

 

Le matin : pharmaciens en tête

Dès 8 heures, environ 120 pharmaciens et pharmaciennes se sont rassemblés devant la cité administrative Gaujot, à l’Esplanade, pour protester contre un arrêté gouvernemental du 4 août réduisant les remises sur les médicaments génériques. Vêtus de gilets jaunes « Pharmacie en danger, santé menacée », ils dénoncent une baisse de revenus qui menace selon eux la viabilité des officines.

Une délégation a été reçue à l’Agence régionale de santé (ARS) avant de se rendre au siège de la CPAM, puis à la préfecture. Sur les 560 pharmacies d’Alsace, près de 400 sont restées fermées.

Éducation : écoles et parents en colère

Dans le secteur éducatif, des enseignants et parents d’élèves se sont mobilisés devant plusieurs établissements. À l’école maternelle du Hohberg, on pouvait lire la banderole « École en détresse, enfants en souffrance ». À l’école élémentaire Saint-Jean, rue des Bonnes-Gens, seuls 3 cours sur 18 ont eu lieu, les enseignants dénonçant un manque criant d’AESH (Accompagnant des élèves en situation de handicap).

Blocages avortés et présence policière massive

Les forces de l’ordre ont rapidement neutralisé les tentatives de blocage dans la matinée. Un petit groupe du collectif « Bloquons tout » a mis en scène un faux déménagement place de la Porte-Blanche, près de la gare, bloquant brièvement la circulation avant l’intervention d’une dizaine de policiers.

Vers 9h, d’autres manifestants ont tenté d’occuper le pont de l’Europe au port du Rhin, mais là encore un important dispositif policier a empêché le blocage.

Dès ce matin, la gendarmerie a déployé un important dispositif de sécurité avec véhicules blindés sur la place de Haguenau, dissuadant tout rassemblement des manifestants.

Dans les lycées, notamment à Kléber et Fustel-de-Coulanges, la rentrée s’est déroulée sous haute surveillance policière, sans blocage signalé.

L’après-midi : le grand cortège intersyndical

Le cortège rassemblé place de la République s’est élancé peu après 14h, en direction de la place de la Bourse via l’avenue de la Liberté et les quais du centre-ville.

La manifestation a réuni entre 15 000 et 20 000 personnes selon les syndicats et 5 000 selon la préfecture dans une estimation « non consolidée ».

De nombreuses personnalités politiques étaient présentes : la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (EELV), l’ancienne maire Catherine Trautmann (PS), ainsi que les députés Emmanuel Fernandes (LFI) et Sandra Regol (EELV).

Fin de cortège et tensions

Place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, le cortège s’est dispersé dans le calme. Les syndicats saluent une mobilisation « réussie ».

À quelques centaines de mètres de la cité administrative Gaujot, des affrontements ont eu lieu avec les manifestants qui refusaient de quitter les lieux. Dans les rues de la Krutenau, certains ont renversé et incendié des poubelles, ce qui a conduit à l’usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule.

La police a procédé à sept interpellations dans le quartier de la Krutenau, principalement pour port de cagoule, détention et jet de projectiles, possession d’une barre de fer, ou de stupéfiants.

Bilan de ces deux journées de mobilisation à Strasbourg et en France :

À Strasbourg, la mobilisation du 18 septembre a rassemblé plus de manifestants qu’au 10 septembre (15 000 contre 10 000 à 20 000 selon les syndicats), mais les interpellations ont été moins nombreuses (7 contre 18). Au niveau national, la participation a également augmenté (506 789 selon le ministère, jusqu’à 1 million selon la CGT), tandis que les arrestations ont fortement diminué (140 contre 540), signe d’une journée tendue mais mieux encadrée par les forces de l’ordre.

Ecoutez Frédéric Karas, délégué syndical CGT présent à la manifestation du 18 septembre :

Article : Tom Herga

Reportage manifestation du 10/09 : Tom Herga

Reportage manifestation du 18/09 : Jules Ehrmann